Qu’est-ce que la sous-traitance ?
La sous-traitance a lieu lorsqu’une entreprise missionne à une autre entreprise une partie de la réalisation d’un contrat. La sous-traitance est disponible à tout type de société, peu importe son statut.
Un auto-entrepreneur a donc bien le droit de sous-traiter du travail à un autre auto-entrepreneur, de même qu’un auto-entrepreneur peut être le sous-traitant d’un autre auto-entrepreneur. La sous-traitance dans le secteur du bâtiment est une pratique très courante.
Les raisons poussant à sous-traiter
Les raisons incitant l’auto-entrepreneur à avoir recours à la sous-traitance sont multiples. Le micro-entrepreneur peut faire face à une demande telle qu’il n’a ni les ressources ni l’expertise nécessaires pour y répondre efficacement.
Il se peut aussi que l’auto-entrepreneur soit pris de court par le temps. Il peut donc sous-traiter une partie du travail pour s’assurer de compléter la mission dans les délais impartis et ainsi ne pas avoir à faire face à d’éventuelles pénalités de retard.
Les limites à respecter pour la sous-traitance
S’il n’existe aucune restriction légale pour avoir recours à la sous-traitance, il faut néanmoins faire très attention à ce que la sous-traitance ne donne pas lieu à du salariat. En effet, dans certains cas, la sous-traitance prend des allures de salariat déguisé, notamment lorsque la fréquence de travail sous-traité devient régulière, lorsque les horaires et le lieu de travail sont imposés, ou encore lorsque le sous-traitant utilise le matériel de l’entreprise donneuse d’ordres.
Si un lien de subordination est prouvé entre l’auto-entrepreneur et son sous-traitant, il faudra revoir le contrat de prestation de services en un contrat de travail, ce qui entraînera, pour l’auto-entrepreneur, des dépenses supplémentaires (parfois importantes) au niveau des cotisations sociales car celles-ci devront être régularisées.
Les inconvénients de la sous-traitance entre auto-entrepreneurs
L’entrepreneur auquel le client aura délégué toute la réalisation du contrat sera le seul et unique responsable du travail réalisé vis-à-vis du client. Si le sous-traitant ne fournit pas un travail de qualité, il n’en sera pas tenu pour responsable car le client ne reconnaît que son prestataire, à savoir l’auto-entrepreneur ayant eu recours à la sous-traitance.
Un autre inconvénient est que la responsabilité personnelle de l’auto-entrepreneur sera engagée en cas d’accident de travail. De plus, s’il s’avère nécessaire de dédommager le client pour une prestation de mauvaise qualité, ce sera à l’auto-entrepreneur d’en assumer la charge. La réputation de l’auto-entrepreneur se retrouvera par ailleurs affectée négativement.
Il est possible de limiter l’engagement de la responsabilité personnelle en souscrivant à une assurance de responsabilité civile professionnelle. Celle-ci n’est obligatoire que pour quelques catégories professionnelles, mais il est fortement recommandé d’y souscrire.
Cependant, il faut noter que la sous-traitance est, dans de nombreuses offres d’assurance, notamment pour la responsabilité décennale, un facteur d’exclusion donnant lieu à des contributions additionnelles. Il est important de bien se renseigner auprès de sa compagnie d’assurance.
Finalement, le sous-traitant facture directement le travail à l’auto-entrepreneur. Ce montant ne peut être déduit du montant total réglé par le client. L’auto-entrepreneur va donc payer des cotisations sur des revenus qu’il n’aura pas réellement perçus, puisqu’une partie des revenus reçus du client est reversée au sous-traitant.
La formalisation de la sous-traitance
Il est important de formaliser la relation avec l’entreprise sous-traitant en faisant signer un contrat pour la prestation à être fournie. On peut inclure, dans ce contrat, un descriptif de la prestation, les délais de livraison, le tarif et des clauses punitives en cas de retard. Formaliser ainsi la relation de sous-traitance donne à l’auto-entrepreneur une sécurité relative.
L’autoliquidation de la TVA dans le secteur du bâtiment
Les auto-entrepreneurs dans le secteur du bâtiment ont un plafond en dessous duquel ils ne facturent pas de TVA, qui s’élève à 70000 euros de chiffre d’affaire annuel. Un professionnel de ce secteur qui facture la TVA verra le principe d’autoliquidation s’appliquer: c’est à l’entreprise donneuse d’ordre de s’acquitter entièrement de la TVA, alors que le sous-traitant lui ne facture et ne règle pas de TVA.
Le sous-traitant bénéficiant de la franchise de base de TVA facturera ses travaux hors taxe et n’aura pas à faire de déclaration de TVA. Le sous-traitant ne bénéficiant pas de la franchise de base de TVA devra aussi facturer ses prestations hors taxe mais aura néanmoins à faire une déclaration de TVA.
Il devra donc déclarer le chiffre d’affaire hors taxe réalisé en sous-traitance dans la section “autres opérations non imposables” et n’aura aucune TVA à payer puisque celle-ci n’aura pas été facturée au client. Il faut que le sous-traitant indique la mention “autoliquidation” clairement sur sa facture.
Il existe des exceptions à ce dispositif, notamment pour les prestataires proposant des prestations intellectuelles, les sous-traitants agissant dans la construction de biens d’équipements et les prestataires de location de véhicules ou équipements de chantier.
Les alternatives à la sous-traitance
Il est tout à fait possible pour un auto-entrepreneur de sous-contracter et d’être sous-contractant. Des auto-entrepreneurs sous-contractant leurs services régulièrement l’un à l’autre pourraient être tentés de former un partenariat. Il faut savoir que cela est strictement interdit par la loi.
D’une part, le régime de la micro-entreprise ne permet pas à deux auto-entrepreneurs de facturer la même mission en deux fois (deux numéros SIREN distincts pour la même mission). D’autre part, si les auto-entrepreneurs facturent chacun une partie de la mission au client, cela s’apparente à un fonctionnement de société puisque les auto-entrepreneurs ne travaillent pas comme deux entités distinctes, mais comme une seule, tout en continuant de tirer partie des avantages fiscaux et sociaux du régime de la micro-entreprise. S’ils sont contrôlés par l’Ursaaf, les auto-entrepreneurs risquent un redressement fiscal.
En revanche, il est possible pour les auto-entrepreneurs de s’associer dans le cadre d’un groupement d’intérêt économique (GIE). Le GIE permet la mise en commun d’une partie des activités. Il offre la possibilité aux entreprises de coopérer mais sans s’associer, dans un cadre juridique moins stricte que la société.
L’inconvénient de cette option est que les entreprises membres du GIE sont solidaires envers les dettes des unes et des autres. Ainsi, le règlement des dettes d’une des micro-entreprises pourrait être demandé à tous les membres du GIE.
Il convient donc aux auto-entrepreneurs de bien réfléchir avant de recourir à la sous-traitance, car bien que l’option paraît pratique et attrayante lorsque le besoin de main d’oeuvre supplémentaire se fait sentir, les conséquences peuvent être lourdes pour l’auto-entrepreneur si la relation de sous-traitance s’avère être un échec.
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